L'INTERDICTION DE CONSOMMER L'ALCOOL DANS LE CORAN ?



Les substances intoxicantes, qui mènent aux péchés, sont par définition interdites par Dieu puisque tous les péchés sont interdits par Dieu.
En revanche, quand des substances toxiques sont utilisées de telle manière à faire du bien, sans mener au péché, alors elles ne sont pas interdites (comme l'utilisation d'alcool en médecine, en chirurgie, dans des médicaments, en cuisine...).
Cela est confirmé par le fait que Dieu dise qu'il y a aussi un bien pour les gens dans ces substances intoxicantes. Dieu ne dirait pas qu'il y a également un bien pour les gens si ces bénéfices étaient interdits. Selon certains, l'interdiction est évidente mais il résulte de cette approche particulière un double consensus :


Ô vous qui croyez, les intoxicants [alķamr], et les jeux d’argent, et les autels d’idoles, et les jeux de chance sont des abominations du diable ;
vous les éviterez afin que vous puissiez réussir.
Coran sourate 5 verset 90

  1. - quant à l’idée de la démarche progressive de l’interdiction (vin) du mot arabe [khamr] en araméen [ḥmrʾ].
  2. - quant au fait que l’interdiction ne portait que sur ce que l’on nommait [khamr] à l’époque de la révélation du Coran.

Évidemment, si ces substances sont utilisées en chirurgie, ou dans des médicaments, cela ne jette pas l'animosité ou la haine entre les gens, mais cela les aide.
Au-delà, il n’y plus d’unanimité, et les controverses ont essentiellement porté quant à savoir quelle(s) boisson(s) désignait le mot [khamr].
Pour la majorité, soucieuse de salubrité publique, il fut affirmé que le mot [khamr] qualifiait toutes substances enivrantes, mais il y a toujours eu une minorité pour soutenir que le mot [khamr] ne désignait que ce qui était pour les Arabes à l’époque coranique : le vin de raisin ou de dattes.
Selon ces avis, il est donc possible de boire tout autre type de boissons alcoolisées pourvu que l’on n’atteigne pas l’ivresse.

À l’époque contemporaine, ce type d’approche est souvent repris par ceux qui affirment plus largement encore que le Coran n’interdit pas le vin, ni aucun autre alcool, puisqu’il est seulement dit de s’en tenir éloigné : "... écartez-vous-en...", et que l’on doit selon Sourate 4 verset 43 uniquement éviter l’ivresse.
L’on voit donc, comment la théorie de la pédagogie divine est ici retournée par la stratégie humaine, car l’interdiction progressive supposée en ces versets maintiennent de facto dans le texte coranique des approches différentes de la question du vin !


Ô vous qui croyez, n’observez pas les Prières de Contact en étant intoxiqués [سكر çakara] afin que vous sachiez ce que vous dites.
Ni après un orgasme sexuel sans prendre un bain, à moins que vous ne soyez sur la route, en voyage...
Coran sourate 4 verset 43

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Ils te questionnent au sujet des intoxicants [alķamr] et des jeux d’argent,
dis : "En eux, il y a un grave péché et quelques avantages pour les gens. Mais leur nature pécheresse l’emporte de loin sur leur avantage."
Ils te demandent aussi ce qu’il faut donner en charité, dis : "L’excédent." Dieu clarifie ainsi les révélations pour vous afin que vous puissiez réfléchir.
Coran sourate 2 verset 219


Les mots coranique "... afin que vous sachiez ce que vous dites..." confirment que le sujet n'a rien à voir avec l'interdiction de l'alcool, mais plutôt qu'il concerne l'interdiction de prier durant la période de temps où la personne est en état d'ivresse.
Nous avons à faire à une mauvaise interprétation du mot 'le Psychotrope (couvrant l'esprit, alcool, drogue...)' car خمر [alķamr] signifie 'tout ce qui te fait perdre la tête' ou 'produits stupéfiants'.
Donc ce n'est pas de s'éloigner de boire l'alcool mais plutôt d'éviter l'état d'ivresse qui peut nous amener à faire des actes dangereux comme utiliser la voiture en état d'ivresse ou de battre sa femme sous l'effet de l'ivresse.

vin haram halal interdiction

On leur sert à boire un nectar pur, cacheté, laissant un arrière-goût de musc.
Que ceux qui la convoitent entrent en compétition. Il est mélangé à la boisson de Tasnim, source dont les rapprochés boivent.
Coran sourate 83 verset 25 à 28


Voici donc la traduction littérale de la partie fonctionnelle du premier verset chronologiquement cité par l’Exégèse : "Ils t’interrogent quant au vin/al khamr et à la divination/al maysir. Réponds : En les deux il y a grand péché et quelques profits pour les gens, mais pour les deux le péché est bien plus important que leur avantage…" Si l’on doit écarter de principe les nombreuses circonstances de révélation qui ont été imaginées, l’on est en droit de se demander quelles raisons ont en l’occurrence poussé les primo-musulmans à interroger le prophète : "ils t’interrogent quant au vin/al khamr".
Soit le Coran avait déjà abordé le sujet et il fut demandé des éclaircissements, mais la chronologie semble infirmer cette hypothèse.
Soit l’on peut supposer que l’association du vin et de la divination en cette question est en interaction avec des pratiques de la communauté juive de Médine.
En effet, il est établi que dans le Judaïsme la consommation de vin, quoique tolérée doit rester modérée et que tout art divinatoire est strictement interdit.

Puisque nous avons montré que la prescription avait été prononcée dès la sourate 2 verset 219, ce verset en est donc un rappel faisant alors logiquement suite à la transgression constatée et critiquée par Sourate 4 verset 43. Du reste, de nombreux versets de la sourate 5 sont consacrés à des rappels concernant les tabous et les interdits moraux coraniques tout en précisant certains de leurs aspects, tel est bien le cas de celui-ci.

Par ailleurs, il convient de noter qu’en la locution 'évitez-le' [جنب - fâjtanibouhou] le pronom [hou], masculin singulier, se reporte obligatoirement au diable et non à l’un ou l’autre des éléments cités.
Ce n’est donc pas du vin qu’il est demandé de s’éloigner, mais des tentations du diable.
Ainsi, ceux qui prétendent que la locution 'écartez-vous en' [fâjtanibouhou] signifie "tenez vous donc à l'écart de cela" et qui ajoute que l’on ne peut pas dire que le vin est illicite [haram] puisque le verbe arabe [ḥarrama] interdire n’est pas employé en cette locution et ne voient donc là qu’une simple recommandation, ceux-ci non pas d’autre argument que l’envie de céder à leurs passions, c’est-à-dire fréquenter l’œuvre du Diable.



alcools Le fait est qu’ils disaient : "Nous avons trouvé nos parents continuant certaines pratiques, et nous suivons leurs pas."
Coran sourate 43 verset 22


Ce rappel est donc adressé aux croyants dont le Coran ne conçoit pas qu’ils puissent se laisser aller à suivre leur versant négatif.
Il en résulte que la prescription morale vise, plus encore que le psychotrope, toute démarche altérant la purification nécessaire à la foi.
D’autre part, s’agissant de ces prescriptions, le Coran emploie parfois les formulations 'tenez vous donc à l'écart de cela' [fâjtanibouhou] et [قرب - wala taqrabou] 'ne vous approchez pas' lequel renvoie directement à la catégorie des conseils moraux.

Ainsi, selon la catégorisation mise en évidence par notre analyse littérale, le psychotrope (couvrant l'esprit, alcool, drogue...) est une prescription morale.
A la sourate 5 verset 90, le terme [fajtanibouhou] (tenez-vous donc à l'écart de cela) pointe vers le trouble [رجس - rijç] et donc doit être compris comme : tenez-vous donc à l'écart du trouble (sous entendu de l'animosité et de la haine) provoquées par le psychotrope [خمر - alķamr] et l'argent facile [يسر - mayçir].
Si Dieu avait voulu spécifier qu'il faille se tenir à l'écart de ce qui est la cause, Il aurait dit [fajtanibouhoum] et non pas [fajtanibouhou] en d'autres termes, Il aurait pointé la cause et non pas la conséquence !

Tout comme la Bible, le Coran présente donc la vigne parmi les bienfaits de Dieu et les élus boiront du vin au Paradis, dans lequel les élus trouveront des fleuves de ce nectar.
De plus, le Coran précise que le vin présente des avantages à côté de ses inconvénients.
Il est mis l'accent sur la manière de s'en écarter mais jamais interdit, la seule interdiction en cette matière est qu'il est interdit de faire la prière en état d'ivresse !